Aquarium naturel et biodiversité... de Noël !
Oh ! Il neige dans mon
aquarium-naturel-expérimental-de-salon !
Vous savez, celui que je vous ai montré ici et qui me sert à des expériences sordides et démoniaques...
D'ailleurs, pour plus de simplicité,
je propose que nous l'appelions désormais « aquarium naturel
90-120-130 », en hommage à Mauricette qui a pas mal forci
pendant les fêtes.
Donc, comme je disais, mon aquarium
naturel 90-120-130 s'est transformé, pour Noël, en véritable boule
à neige.
La photo parle d'elle-même.
Mais, me direz-vous, jeunes Padawan,
avec la naïveté qui vous sied tant, comment cela est-ce-t-il
possible ?
Deux raisons à ce phénomène.
La première, c'est que le vieux
Mattier est toujours pas foutu de faire une photo correctement et que
c'est pas vraiment de la neige, mais des petits trucs complètement
flous.
La seconde, c'est que ces petits trucs
complètement flous, ce sont des myriades de daphnies. Des daphnies
très particulières, puisque je n'en possède actuellement aucune de
cette espèce.
Il s'agit d'une espèce plus petite que
la daphnie pulex, et même, me semble-t-il plus petite encore que la
réputée minuscule moina. Mais peut-être me trompé-je, la
détermination des espèces de daphnies exigeant l'intervention de
gens très spécialisés, dédiant leur vie aux loupes binoculaires,
et donc encore plus bizarres que votre serviteur.
J'ai pourtant souhaité, dès le début,
que ce bac soit absolument sans daphnies. Mes précautions allaient
jusqu'au rincage soigneux des mains avant toute intervention ou
contact avec l'eau. On fait une expérience scientifique ou on la
fait pas, hein !
Et pourtant, voilà plusieurs mois,
quelques individus de cette espèce étaient apparus. Leur présence
n'a duré que quelques semaines, et ils n'ont pas semblé trouver
leur place dans l'écosystème 90-120-130. L'introduction
involontaire des bestioles a forcément dû se faire sous la forme
d’œufs de durée (semblables aux cystes des artémias) accrochés
sous un ongle au retour d'une de mes ballades près d'une mare du
Parc Naturel où je sévis. Je ne vois en effet pas comment un
individu vivant aurait pu passer à travers mon faisceau de
précautions.
Cela, déjà, en dit très long sur
l'intensité de la pression de la vie et de la biodiversité sur tous
les milieux. Aucun point d'eau naturel ne peut rester vide longtemps.
Les pattes des oiseaux, leurs fientes, les transhumances des
crapauds, la poussière apportée par le vent... tout apporte la vie,
sous des formes infiniment petites et donc omniprésentes.
Le mythe d'une forme de stérilité ou
de maîtrise des espèces, qui est celui de l'aquariophilie
traditionnelle (et de l'agriculture conventionnelle) est une fable
d'ingénieur. Même l'air environnant contient, on le sait, une
grande quantité de bactéries en suspension...
Donc, un peu comme la chauve-souris du
sketch de Bigard, une daphnie a réussi un jour à traverser toutes mes
barrières et à venir narguer ma suffisance coupable de mec qui
croit tout maîtriser, y compris la nature. Leçon d'humilité,
hein ?
Mais bon, je les croyais disparues depuis.
Mais là, à Noël, c'est à la faveur
de l'apparition d'un petit nuage bactérien en surface que les
daphnies ont réapparu. Et, cette fois-ci, elles l'ont fait en
nombre. J'en ai des milliers, partout !
Les pionnières avaient dû, à leur
tour, truffer le bac d’œufs de durée avant de mourir. Cette forme
de vie hibernante, qui attend que les conditions redeviennent
favorable, un jour...
Je dis toujours à mes clients de ne
jamais jeter l'eau qui a contenu des daphnies quand ils ont perdu
leur souche. L'illustration est sous vos yeux : l'infiniment
petit est foisonnant, il domine les écosystèmes, leur sert de base.
Vous n'aurez jamais deux bacs, naturels
ou pas, deux poubellariums semblables, pour cette raison. Chacun aura
son microbiote, sa micro-faune. Cette infinie complexité qu'il est
vain de vouloir recenser ou maîtriser. Mieux vaut l'observer et
l'accompagner. C'est cela, la clé, le fondement véritable de
l'aquariophilie naturelle.
Ces daphnies vont être régulées par les autres espèces et participeront à un nouvel équilibre, à l'état actif ou hibernant... Je n'ai pas de souhait pour leur avenir, je me délecte juste à observer ce petit monde qui ne fait que changer sans cesse.
Cela nous amènera au prochain billet,
où nous parlerons de bio et de permaculture.
Commentaires
Moi aussi j'ai balancé un peu d'eau de différentes mares dans mes bacs, et j'ai (malgré quelques poissons qui mangent tout) toujours quelques cyclops et même de temps à autre une hydre d'eau douce, j'ai même eu une petite boule de 1cm² faite d'hydres ou un truc semblable (genre les trucs qui se cache quand on approche la main, mais en tout piti piti).
Tes expériences sont vraiment intéressantes du point de vue biologique mais également philosophique.
La nature reprend ses droits pour créer un équilibre. Comme disait le chevalier Lavoisier, rien ne disparaît, tout se transforme. J'ai plusieurs bacs,"traditionnels", un petit nano de 30 litres naturel où des crevettes côtoient des aselles de chez AQUAZOLLA et des physes. Tout ce beau monde se croisent et se complimente.
J'ai un nouveau bac de 100 litres, sans filtre et sans chauffage dans le garage, où des daphnies de chez AQUAZOLLA "volent" autour de la ceratophyllum...
J'attend bientôt de nouveaux arrivants...
Tu es dans aucun doute le meilleur spécialiste de l'aquarium naturel. Tu es une source d'inspiration. Merci.
En tout cas grâce à toi j'ai redécouvert tout le plaisir de l'aquariophilie.